Septembre par chez nous fleurit tous les week end d'un vide grenier nouveau. Dans l'un d'entre eux, j'ai trouvé un jeu pour 2 euros qui ouvre à ma grande une petite porte dérobée vers la calligraphie, elle qui n'a pas trouvé dans le matériel Montessori "classique" la possibilité de rentrer dans ce domaine (à moins que ce soit moi qui n'ai pas su le lui présenter, d'ailleurs...).
J'apprécie dans ce matériel tout simple le fait que ce soit au crayon et non avec des feutres effaçables comme bien des jeux de calligraphie actuels que l'enfant appréhende les exercices de pré graphie.
La difficulté mesurée de ce matériel lui laisse suffisamment de place pour s'adapter à la difficulté, pour la surmonter avec autant de tâtonnements et d'erreurs qu'il lui en faudra pour apprendre.
Apprendre est un processus qui nécessite une part d'erreur incontournable, quand on ne fait plus d'erreurs, on a fini d'apprendre. Comment exiger de nos enfants qu'ils ne passent pas par ce passage nécessaire et capital?
Je trouve dommage que l'on cherche systématiquement à faciliter le travail de l'enfant, dans un premier temps, puis à ce qu'il arrive d'un coup de baguette magique à faire des choses difficiles qui exigent un vrai apprentissage.
Pourquoi serait-ce dans la simplicité que l'enfant s'épanouirait et apprendrait? Comment d'un coup saurait-il faire ce qu'on lui a prémâché depuis des années?
Je vois avec mes filles combien il est difficile de savoir doser avec beaucoup d'attention ce que l'on demande à un enfant : si c'est trop simple, il n'y trouve ni concentration, ni plaisir, si c'est trop compliqué, il se trouve mis en échec.
Dans notre société on se tient malheureusement pratiquement tout le temps dans les deux extrêmes. On croit aider les enfants en leur mâchant tout à l'avance, avec les gammes de petits pots jusqu'à trois ans et plus, les scratchs sur les chaussures jusqu'à l'âge "de raison" et plus, les lettres "bâtons", les ciseaux qui s'ouvrent tout seuls... Puis d'un coup on s'étonne qu'ils ne mangent ni légumes ni viande non hachée, qu'ils ne sachent pas faire leurs lacets, qu'ils écrivent si lentement et si malhabilement ou qu'ils ne parviennent pas à utiliser leurs ciseaux.
Pour en revenir à ce jeu, je le trouve juste à la bonne place, il est difficile de suivre avec un crayon qui accroche les lignes des dessins, puis des lettres; il est difficile de gommer l'ardoise avec une vraie gomme si on a fait une erreur, cependant on peut se corriger. Il n'est pas évident d'effacer tous les dessins sur la feuille transparente avant de glisser le dessin suivant...
Mes filles ont des ardoises blanches et un livre de calligraphie effaçable à sec, où d'un coup de chiffon on retrouve une surface nette, où l'erreur est occultée aussi vite qu'elle est venue, mais la marche entre cette ardoise et le cahier ou elles vont ensuite essayer de reproduire ce qui est si aisée sur le support lisse est si haute que c'est là que nait le découragement, là que se crée le blocage.
Donner à un enfant l'impression de maitriser ce qui demande temps et apprentissage par essais et erreurs, en lui donnant l'illusion de la facilité, est ce vraiment lui rendre service?
3 commentaires:
Si on leur propose quelque chose pour laquelle il n'est pas prêt il y a découragement,si c'est trop tard il bacle et nous perdons la concentration, si il est mûr et que cela lui demande quand même à s'exercer je crois alors que nous avons trouvé le bon moment pour répondre à ses besoins (enfin je crois)
C'est drôle, j'ai trouvé exactement le même jeu de graphisme que toi dans un vide-grenier dimanche dernier.
Je ne l'ai pas encore fait essayer à Clémence, mais il est dans la classe ;-)
J'ai beaucoup hésité à acheter ce jeu pour Clémence (5 ans). Est ce que c'est long d'effacer le calque? Je trouve très bien de pouvoir gommer quand il y a une erreur, mais effacer tout le dessin à chaque fois cela me parait beaucoup, non? Est que l'on peut le faire avec du papier calque classique (quel est le format du modèle)?
Merci beaucoup pour cette idée.
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