13 octobre 2007

Coopération et socialisation en milieu Montessori

Les relations entre les enfants en milieu Montessori, je l'ai évoqué dans mon précédant message, ne sont pas initiés par l'adulte mais par l'enfant, quant celui ci s'en sent capable, quand il en a l'envie, quand il en a les moyens. Dans une classe Montessori, et à plus petite échelle à la maison, entre mes filles par exemple ou quand j'ouvre mon salon à d'autres enfants, il se passe tout un tas de choses entre les enfants. Si Petit pois par exemple renverse sa carafe de haricots rouges dans toute la pièce, et qu'elle doit elle même et toute seule tout ramasser, il est fort probable qu'elle se lasse et que cela influe sur son envie de ressortir cette activité là dans les jours suivants. Mais cela n'arrive pas. Parce que Grand pois vient l'aider à tout ramasser, sauf si Petit pois refuse son aide. Parce que les rapports sociaux sont basé sur l'autonomie de l'enfant en tant qu'individu, et sur l'autonomie du groupe à travers chaque individu. Je ne le vis pas encore à la maison parce que je n'ai pas de grand, mais dans une école Montessori, si un enfant casse quelque chose et qu'il est trop petit pour ramasser lui même, c'est un autre enfant qui va balayer les morceaux. Oui même si c'est du verre.

Montessori en famille, vie pratique

Les petits se prennent en charge et les grand prennent en charge le groupe, à leur mesure, selon leur capacité.
Et ça, je le vis à la maison même dans un groupe minimaliste. Ma petite est très autonome, elle fait tout un tas de choses par elle même, et ma grande est de plus en plus serviable, son autonomie commence à dépasser la seule prise en charge d'elle même.
Quand j'ouvre mon salon aux amis de mes filles, je vois encore d'autre choses se mettre en place, des interactions, des prises d'autonomie, des prises de responsabilité qui me laissent à chaque fois émerveillée.

Coopération autour de la tour rose et l'escalier marron

Comme quand un enfant vient me montrer qu'un autre est en train de détourner le matériel, comme quand deux enfants coopèrent pour monter la tour rose et l'escalier marron de concert, comme quand Petit pois aide sa copine à rouler son tapis, parce que les premières fois, ce n'est vraiment pas facile, comme quand Grand pois mesure son ami avec les barres unies pour voir "de combien de petites barres il est grand pareil qu'elle" (sic).

Coopération autour de la tour rose et l'escalier marron

Et je n'ai jamais beaucoup d'enfant en même temps, les interactions sont donc limitées et je n'ai pas un groupe de grand qui est en capacité de prendre plein de chose du quotidien en charge comme refaire les noeuds de chaussures d'un plus petit ou l'aider à nettoyer une table vraiment très sale.
Les interactions entre enfants en milieu Montessori sont décidées par les enfants et non subies et elle sont de l'ordre de la coopération et de l'entraide, comme celle de la vie, la vraie, celle qui commence après l'école.

Collectivisation et socialisation

J'entends autour de moi, ou je croise sur internet des personnes qui prétendent connaitre la pédagogie Montessori et disent qu'elle ne permet pas la sacrosainte socialisation au nom de laquelle il est indispensable de mettre son enfant dés que possible à l'école. Et ça, ça me mets hors de moi, vraiment.
Je ne critique pas l'école en bloc, ma grande la fréquente et celle de chez nous a le bon gout d'employer des personnes de qualité respectueuses des enfants ce qui est loin d'être si répandu que ça. Je ne me cache pas que si nous avions d'autres moyens financiers, mes filles iraient dans une école Montessori, mais que 4000 euros par an et par enfant, ça ne cadre pas avec nos choix de vies, ni avec nos moyens.
Par contre je ne mets pas ma grande à l'école pour qu'elle se socialise, dieu merci elle a toute la vie autour de l'école pour ça. Parce que à l'école, ce n'est pas de la socialisation, pas à 30 par classe (et dès la section des tout petits dans ma ville), arrêtons un peu de nous voiler la face. À 30 par classe ce qu'ils apprennent des rapports sociaux, c'est la collectivisation. Ils vont tous ensemble aux toilettes, ils font tous ensemble les mêmes apprentissages au même moment et ce moment est décidé par l'enseignant, ils vont tous ensemble en cours de récréation crier tout ensemble et courir encore tous ensemble. Ensuite ils se lavent les mains tous ensemble, vont à la cantine tous ensemble ou rentrent chez eux. Je ne critique pas ces choix là, encore une fois ma fille vit ce rythme et même s'il ne me convient pas philosophiquement, je ne voit pas comment dans une classe de 30 enfants, avec le type de pédagogie enseigné dans les IUFM, je ne voit pas comment les enseignants pourraient faire autrement. Il y a des aménagements : dans la classe de Grand pois, ils vont au toilettes quand ils en ont besoin, il y a des atelier par petits groupes dits "en autonomie" et il s'y passe plein de choses intéressantes au sein du groupe (et surtout des petit groupes de travail), mais qu'on ne me dise pas qu'à 30 enfants dans une classe ce qui s'y passe de social est autre chose que ce que j'appelle la "collectivisation", de la gestion du groupe non pour en valoriser les interactions, mais une sorte de gestion de crise permanente d'un collectif enfantin qui déborde l'adulte de tous les cotés.
Et je suis impressionnée qu'avec une telle masse d'enfants il sorte tant de belles choses des deux classes fréquentées par Grand pois depuis l'an passé. Chapeau bas les enseignantes, dont je connais le grand rêve : moins d'enfants dans les classes...
Ce que je connais de la pédagogie Montessori permet un tout autre type de rapports : je ne pense pas qu'il soit souhaitable qu'une classe Montessori ait un trop grand effectif, mais je sais que c'est possible et que ça peut bien fonctionner. Parce que la pédagogie est fondée sur d'autres bases. La pédagogie s'appuie sur la formation de l'individu, sur sa construction. Pas sur le groupe.

Montessori en famille, vie pratique

Il y a des interactions sociales très fortes entre les enfants, mais elle ne sont pas collectives, on ne prend pas le collectif à partie, on d'instruit pas le collectif comme un tout, on donne à chaque enfant la possibilité de se construire suivant ses besoins du moment.
Dire que la dimension sociale est pauvre voire inexistante en milieu Montessori, c'est vraiment
n'avoir rien compris de cette pédagogie. Et ça vous l'aurez compris, ça me met hors de moi!!